Temps de lecture estimé: 3 minutesOn entend souvent dire que dans ce métier de coursier, il faut rouler le plus rapidement possible pour enchaîner un maximum de courses et ainsi gagner plus d’argent sur l’ensemble de son shift.
C’est ce que je pensais au moment où j’ai débuté ce boulot. Pourtant, je me suis rendu compte que bombarder à vélo ne m’amenait pas forcément plus de courses par rapport aux soirées où j’avais décidé de lever le pied.
Ainsi mes shifts les plus rapides se sont déroulé à 23km/h de moyenne, et les plus lents à 17 ou 18km/h, sans avoir de conséquence sur mon nombre de courses.
Il faut aussi prendre en compte les arrondissements. Par exemple dans les 1er/2eme/3eme/4eme, avec pleins de petites ruelles, beaucoup de circulation et des zones piétonnes à traverser (rue Montorgueil, quartier des halles, quartier du marais rendu piétonnier les dimanches, etc…), il est très difficiles de réaliser de bonnes moyennes.
A contrario, les arrondissements du sud de Paris (13e à 15e) ainsi qu’une partie du 16e sont très roulants, et quasi désert en soirée comparé à l’hypercentre. Il n’est pas rare de pouvoir tracer de bons bouts droits à bonne allure et donc d’y faire de bonnes moyennes. Mais les courses y seront sans doutes plus longues.
Mais il faut avoir conscience que le temps passé sur le vélo n’est qu’une partie du temps de shift. En général, je n’ai qu’une grosse heure de vélo sur un shift de 4h30 (soit une vingtaine de km). Rouler deux fois plus vite ne vous donnera donc pas deux fois plus de courses!
A ce sujet, Deliveroo nous fournis des statistiques intéressantes lors de nos ‘audits’ (rapports mensuels de nos performances servant notamment à passer à 3 puis 4€ la course).
Voici par exemple mes dernières stats:
Par ailleurs, tu as mis en moyenne :
-3,1 minutes pour te rendre aux restaurants,
– 4,5 minutes pour aller chez les clients.
et tu as attendu en moyenne :
– 3,7 minutes dans les restos.
– 3,3 minutes pour te passer en livrer une fois arrivé chez le client.
Il me faut donc un peu moins de 15 minutes pour réaliser une course complète, depuis le moment où j’accepte ma commande jusqu’au moment où je sors de l’immeuble du client et la passe en ‘livré’.
Mais sur ces 15 minutes (14 min 36s pour être précis), je ne roule que 7 min 46s, le reste est de l’attente.Cela veut dire qu’en roulant deux fois plus vite, je mettrais non pas 7 minutes pour livrer, mais 10 min 48s!
Dit autrement, cela signifie qu’en roulant au double de ma moyenne actuelle, soit à près de 40km/h de moyenne (bon courage pour faire ça dans Paris 😀 ), je ne serais au final qu’environ 20% plus rapide.
On comprend bien avec cet exemple que rouler à 15 ou 25km/h de moyenne n’a au final que peu d’impact sur les temps de livraison.
C’est bien pour cela que dorénavant je roule plus tranquille (sauf lorsque j’ai une avenue bien dégagée) et prend moins de risques.
A noter que pour TEE c’est un poil différent: les courses étant plus longues, le temps passé sur le vélo est plus important, et il y a donc un intérêt à rouler plus vite. J’ai pas de stats pour TEE, et moins d’experience chez eux, donc difficile de me prononcer avec précision.
Mais il a encore autre chose à prendre en compte avec eux: notre vitesse moyenne nous est indiqué sur nos récap, et il parait qu’elle est prise en compte pour l’attribution des courses. De quelle manière? Ça reste un secret de fabrication, mais cela jouerais sur l’attribution des courses longues et/ou en retard.
En gros, les coursiers les plus rapides se verraient attribuer les courses les plus longues ainsi que celles en retard. Logique d’un point de vue global, mais paradoxalement cela pénalise les coursiers rapides! (courses longues= moins de courses réalisables pendant le shift, courses en retard = plus de probabilité de se voir attribuer une mauvaise note par le client, puisque pour lui retard = coursier qui fait mal son job).
Enfin, de manière générale, bien connaitre sa zone, les différents raccourcis, les contresens cyclistes permet de gagner plus de temps que de rouler vite et de manière dangereuse!
A propos de l'auteur
Patrick
Passionné de cyclisme, je fais de la compétition depuis 2013.
Je cours en 1ere Ufolep et Pass Cyclisme Open et me suis spécialisé dans les épreuve chronométrées (Contre la montre et grimpées).
Auto entrepreneur dans le web depuis 2009, je bosse en tant que coursier depuis janvier 2016. Passé par Take Eat Easy, Stuart, Uber Eats ou encore Foodora, j'ai toutefois toujours livré majoritairement pour Deliveroo.
En supposant que ma livraison m’emmène de l’autre côté de panam, a t on la possibilité de prendre le métro (à Velo ou non)?
Est ce possible? Et surtout le signal 3G étant absent, est ce que cela a une répercussion sur notre geolocalisation par nos intermédiaires?
Merci.
Je pense pas que ce soit autorisé (et pas forcément pratique de toute façon)^^ Et ça risque en effet de poser pb pour la géolocalisation. En général tu n’aura pas à traverser Paris, sauf quelques cas rarissimes (entre 6 et 7 km pour mes plus longs déplacements vers le resto, mais en général c’est rarement plus de 3 à 3.5). Pour la livraison c’est jamais plus de 3 à 4km (sinon les plats arriveraient froids)
Merci pour l’info.
Effectivement les plats arriveraient froid.
Pour anecdote la semaine dernière je me suis assis à la terrasse d’un café dans le centre de Panam.
J’ai pas arrêté de compter des livreurs deliveroo. Une 10ene durant mon 1/4 heure.Quelques Stuart. Et finalement 1 foodora.
J’ai un peu l’impression que deliveroo a pris possession du centre de paris.