Et maintenant?
|Retour à la case de départ en ce qui me concerne!
2015
Fin 2015, voyant mon activité de ‘webmaster’/éditeur de site internet se casser la gueule, je devais trouver une solution de toute urgence afin de rebondir.
Certes, j’étais diplômé (école d’ingénieur, soit bac+5), mais après une quasi décennie ‘hors circuit’, un tel diplôme ne vaut plus rien (surtout que ne me suis pas du tout auto formé, l’informatique que j’aime -celles des années 80- ayant laissée la place à de la pseudo informatique de marketeux).
Mais plus que tout, j’ai quitté mon métier d’origine pour de bonnes raisons.
Vous pensez que livreur de bouffe en autoentrepreneur est un boulot d’esclave? Ne faites donc jamais ingénieur en SSII: les conditions de travail y sont bien pires!
Surtout pour les gens qui comme moi recherchent l’indépendance et ne supportent pas le petit train train quotidien d’un travail de bureau.
Métro/boulot/dodo: la caricature est plus que réelle lorsque vous devez vous taper 45 minutes de RER pour aller s’entasser à la Défense, faire semblant d’être pote avec des petits chefs, manger votre sandwich en 10 minutes devant votre ordinateur pendant la pause de midi, et repartir le soir dans la cohue des transports. Ha, j’oubliais: faire du présentéisme, c’est à dire être payé 37 heures mais être obligé d’en faire 45 pour ne pas passer pour un glandeur. Quitte à passer 1h30 à errer sans but sur le web le soir avant de partir. Ou faire des heures sup non payées pour finaliser un projet.
Bref, fin 2015 j’en été arrivé à m’inscrire sur des sites de microworking. Mturk d’Amazon en est l’exemple le plus célèbre. Cela consiste à réaliser, comme le nom l’indique, des micro tâches ultra répétitives: retranscription de formulaires, de tickets de caisse, de factures, etc…
Sur le principe, j’adore: je suis bête et discipliné, et je n’excelle jamais autant que dans les tâches répétitives ‘cumulatives’: c’est à dire que plus tu vas vite, plus tu optimises, plus tu deviens autistique, plus tu gagnes! C’est pas pour rien que j’ai été pendant des années un des cadors de Kochonland, ayant main mise sur le marché spéculatif, haha !
Mais il y a un hic: alors que je visais 5 à 10€ de l’heure, il est en fait quasi impossible de gagner mieux que de 1 à 2€ de l’heure: il n’y a aucune viabilité économique pour un mturkeur occidental, même en ne comptant pas ses heures.
Dans un autre coin de ma tête trottait une autre envie: devenir coursier à vélo. Forcément, avec mes presque 15000 kilomètres de vélo et les dizaines de compétitions par an, cela faisait même plusieurs années que ça me titillait. Lorsque je lisais des articles qui expliquaient que ce job attirait des profils atypiques, dont pas mal de diplômés à la recherche d’un autre mode de vie, cela me confortait dans mon idée.
Mais d’un autre côté l’aspect fixie/chistole etc qui semblait indissociable du job me rebutait: pour moi le vrai vélo c’était les courses de Fédération, et j’ai jamais été attiré par tout ce qui est alleycat et compagnie, que je considérais à l’époque comme du sous-vélo. Et puis il fallait habiter et connaitre Paris.
Fin 2015, c’est le moment où le marché de la livraison de bouffe commençait à exploser. Impossible de rechercher une offre d’emploi en lien avec le vélo sans tomber sur ces fameuses annonces du style ‘gagne 2500€ par mois à vélo’.
Pendant les fêtes de fin d’année, alors que j’ai déjà postulé à quelques boîtes, dont Take Eat Easy , passe le fameux reportage au journal TV avec Leeroyd. Quand il annonce 2500€ par mois de revenus je me dit que c’est forcément des conneries.
2016
Je passe donc mon shift d’essai pour TEE la première semaine de janvier. Je suis hyper stressé, comme pour un entretien d’embauche. J’ai tout préparé comme il faut (j’avais même potassé le plan de Paris, mais ça ne sert à rien car l’apprentissage se fait sur le terrain et apprendre des noms de rues sans avoir le visuel correspondant est vain), mais comme je ne connais pas Paris, je me dis que c’est loin d’être gagné pour être accepté. Avec le recul, et la grosse merde qu’est devenu la foodtech avec son cortège de clodos à velib, ça fait forcément sourire!
Je me lance donc à Paris, et dans l’inconnu, sans savoir ce que ça va me rapporter. Au début je pensais qu’il y aurait une commande de temps en temps, je me serais jamais douté que ce serait un vrai boulot faisable à temps plein! Toutefois le premier mois je suis à deux doigts de tout plaquer: cautions pour les sacs, manque de places sur les shifts, coût de l’hébergement, rachat de matos pour le vélo et frais cachés (les 25% de Stuart…): je ne gagne au final presque rien.
Mais très rapidement je prend mes marques, notamment grâce à Deliveroo dont la routine bien huilée permet de se faire de bons mois. J’arrive rapidement à me faire des mois à 2000, 2500€ en travaillant moins de 35h par semaine!
Il y a un hic: avec un statut d’auto entrepreneur, il est impossible de trouver un logement en région parisienne (c’est déjà pas évident en ayant un CDI), et je claque quasiment la moitié de mes revenus dans des logements précaires: bungalow (camping Paris Est à Champigny: sans lui j’aurais jamais pu faire ce boulot), appart hôtels minables, Air BnB, etc…
C’est pas une vie (j’ai parfois été à deux doigts de dormir dans ma voiture), d’où mon départ pour Lyon, où j’espère l’immobilier plus accessible, en plus de présenter un terrain plus sympa pour mes entraînements à vélo. Après quelques mois passés entre appart hôtel et meublé payé au mois, j’ai pu avoir un appart sur un coup de chance. On a pas idée de ce que ça fait de pouvoir mettre son nom sur une boîte aux lettres après avoir erré pendant près d’un an sans domicile fixe.
Je met le paquet en fin d’année, puisque jusqu’à présent malgré de bons revenus je n’ai pas pu mettre un sous de côté (le RSI me prend chaque trimestre tout ce que j’ai pu économiser, parfois même plus). Je vais ainsi réussir à atteindre 3000€ sur un mois, en faisant des semaines de 45 à 62 heures.
Ça parait fou, mais on prend le pli rapidement. Le fait de gagner pas mal de sous (et encore, c’était une mauvaise période chez Deliveroo) motive à enchaîner les journées complètes. Lorsqu’on revient à 35 heures par semaine, on a l’impression d’être en vacances.
Aparté: Les esclaves et l’ubérisation
Un petit point à ce sujet: on nous traite d’esclaves notamment car en ramenant nos revenus mensuels au taux horaire et en comparant les protections sociales à celles d’un salarié, on peut tomber sous le Smic.
Pour le premier point, revenir à ce que je disais un peu plus haut: en étant salarié, dans pas mal de jobs on ne peux pas se contenter des 35 (ou 37 dans mon contrat de cadre) heures officielles. On doit en faire plus, sous peine d’être au mieux mal vu, au pire rappelé à l’ordre (« comment ça tu te barres à 17h?? »). Il est malhonnête de toujours vouloir ramener au taux horaire, car dans ce cas certains cadres sont également sous le Smic. Tu crois qu’un paysan, un artisan, ou un commerçant calcule son taux horaire!?
Même chose pour le comparatif avec les avantages sociaux d’un salarié. Les avantages d’un salarié sont artificiels: ils dépendent des lois en cours. Si demain on décide de donner 2 mois de congés payés à tous les salariés, l’entrepreneur perd donc mathématiquement 10% de son salaire? Je ne raisonne pas comme ça, même si évidemment parfois je regrette de ne pas avoir de congés payés!
Je sais que c’est mal vu dans le milieu anti uberisation, mais je suis partisan du travailler plus pour gagner plus! T’es pas capable de rouler 300 à 400 bornes par semaine? Tu fais pas ce métier, tout comme moi j’irais pas bosser comme vendeur en ayant horreur des contacts humains ou chez McDo en étant vegan!
Il faut aussi arrêter de parler de cadence infernale! Ce métier peut tout à fait se faire en mode hyper cool, les délais sont très larges. Et puis je ne rappellerais pas une énième fois mes articles démontrant que la vitesse ne joue à peu près aucun rôle dans les revenus.
Bref, vous comprenez que si je respecte le combat des anti ubérisation dont je partage certaines valeurs ( et que j’encourage égoïstement dans leur combat contre Deliveroo), pour d’autres points j’en suis à l’extrême opposé. Tout comme Deliveroo joue le jeu de la propagande (les coursiers heureux de passer au nouveau contrat, les 3 courses par heure, le nombre d’anciens contrats), les anti ubérisation en abusent aussi (les 70 heures par semaine pour un Smic).
Evidemment, j’aurai peu de retraite, et mon contrat étant terminé chez Deliveroo, je n’ai pas droit au chômage. Mais voici un fait parlant: j’ai claqué pas loin de 4000€ de matériel vélo cette année sans me mettre dans le rouge (loin de là, même, et sans faire de crédit évidemment), chose qui aurait été simplement impossible en étant salarié au Smic.
Mais ce qui me fait le plus marrer c’est les gars qui s’entassent dans le RER chaque jour et qui viennent nous traiter d’esclaves: pour qui aime le vélo et le travail en extérieur, c’est tout simplement le plus beau métier du monde! Voir la ville évoluer au fil de la journée, au fil des saisons, ses lumières naturelles ou artificielles, sentir les odeurs de la nuit tombante, de l’orage au loin, le vent, la quiétude d’une ruelle désertée un soir de décembre, ou un après midi d’automne sous le soleil à admirer les bords du fleuve, tout cela est mille fois plus gratifiant qu’un putain d’open space rythmé par les conf call et les réunions de préprod!
2017
J’ai relâché un peu la pression, notamment depuis quelques mois: je me contente de 20 à 30 heures de boulots bien ciblées, avec un taux horaire moyen mensuel oscillant autour de 15 à 16€. Le restant provient de mon activité de webmaster: ça me sert à rien de travailler plus car le plafond d’auto entrepreneur est limité à 33100€ de CA par an (2758€ par mois).
On en vient donc à la fameuse administration fiscale française qui marche sur la tête: je dois me freiner dans mon boulot pour ne pas dépasser le plafond. Car si j’avais le malheur de travailler deux fois plus et de gagner 5000€ par mois, je devrais passer à un statut plus classique, et confiscatoire en plus d’être un casse tête de paperasse (comptable obligatoire).
En basculant en ‘vraie’ entreprise (EIRL, SASU, etc…), il ne me resterait que 2500€ pour 5000€ de revenus alors qu’en AE j’ai 2068€ dans ma proche pour 2758 de CA. Je génererais deux fois plus de chiffre d’affaire, mais quasiment qu’au bénéfice exclusif de l’état. Il ne me resterait que 500€ de plus chaque mois alors que j’aurais généré 2500€ de revenus supplémentaire.
D’où l’espoir, qui est en cours de confirmation, de voir doubler les plafonds du statut. Je me suis toujours dit que le jour où le plafond doublerait, je passerai en speed-bike pour faire 3000 à 4000€ de chiffre d’affaire en tant que coursier, soit environ 5000€ avec mes revenus de webmaster.
Plafond ou pas plafond, j’avais prévu une petite web série en novembre, sur le thème ‘gagner 4000€ sur un mois en tant que coursier’. Evidemment, le fait de ne plus bénéficier d’un contrat à l’heure chez Deliveroo remet tout cela en cause. Ironie temporelle!
Le premier shift du reste de ta vie
Je me retrouve donc un peu dans la situation de début 2016: je ne sais pas du tout combien je vais pouvoir gagner le mois prochain. Je suis encore inscrit chez UberEats, Stuart et Foodora, et je vais devoir re-tester tout ça.
UberEats
Ce sera mon premier choix. D’abord car il n’y a pas de planning. Après un an et demi à suivre des plannings, j’ai envie de plus de liberté. Evidemment, c’est aussi le point faible de Uber, car du coup on ne sait pas si l’on aura suffisamment de courses (ce qui rapproche UberEats du métier de coursier au bon des années 80, où il fallait aller à la pêche à la course en gardant ses bons spots pour soi). Toutefois le partenariat avec McDo semble plutôt prometteur en terme de volumétrie.
L’autre point intéressant est la possibilité de bosser jusqu’à deux heures du matin, ce qui convient à mon rythme de vie décalé. Enfin, ils sont les plus généreux sur les primes pluie (15e par shift de trois heures), ça peut aussi compter!
Stuart
Ils ont ouvert des créneaux les après midi et annoncent une grosse surprise pour la rentrée (les colis? Ça va faire 2 ans que j’attend mdr). Très peu de places chez eux, mais ils utilisent staffomatic, donc la réservation via script est automatisable 😉
Ils payent peu (9€ garanti par heure) et il y a peu de taf, mais il est possible d’obtenir 30€ de bonus par jour, faisant donc exploser le taux horaire.
Foodora
Les plus proches de l’ex Deliveroo, car payent encore (pour combien de temps?) à 7.5€ de l’heure et 2€ la course en province (3€ en théorie, mais non atteignable en pratique – jusqu’à 4€ possible à Paris selon le volume de commandes mensuel). Mais ils sont plus casse couille, notamment sur les no shows et les heures de connexion. Ne pas oublier aussi que sous leur allure cool, se cache une filsdeputerie digne de Deliveroo (voir les quelques messages Slack qui ont fuités dans différents médias).
Surtout, il y a peu de places sur les plannings, et les créneaux longs sont réservés aux anciens. Je n’ai fait qu’un seul shift avec eux donc à voir ce que ça vaut vraiment en pratique.
Ils ont encore les primes week ends (11.5€ de l’heure les vendredi/samedi/dimanche soir) et les bonus pluie (+2€ par heure), de ce côté là c’est un gros plus.
C’est la seule boîte qui me semble digne de l’esprit de TEE: on y voit rarement des pauvres types (le genre sur des VTT pas à leur taille ou en velib) pédaler comme dans les autres boîtes. Beaucoup de vrais passionnés de vélo, qui avancent à bonne allure.
Deliveroo
Pour être honnête, ce sont eux qui assurent le plus de commandes. Mais maintenant qu’ils se sont débarrassé des anciens contrats payés à l’heure, rien ne les empêche de surcharger les plannings (d’autant que staffo a été remplacé par un agenda intégré dans l’appli ne faisant plus apparaître le nombre de coursiers staffés). Pour ma part hors de question de revenir vers une boite qui saborde ses plus fidèles coursiers (après avoir sucré tous les différents bonus au fils des mois tout en faisant la sourde oreille), mais je pense que hors Lyon (la ville la moins optimale de France à cause des montées et des deux fleuves), ils restent les plus rentables. Encore plus à Paris centre, avec la course à 5.75€.
Mais pour une question de principe, il faut les boycotter si vous en avez l’option dans votre ville.
Dans tous les cas, je vois pas trop comment je vais réussir à refaire des journées à 160/180€ comme je le faisais chez Deliveroo…
Ah collègue c’est malheureux de voir la situation se dégradé au fil du temps.
Je tiens à dire à toutes les mauvaises langues qu’on proteste car nous avons signé dans un contexte donner, c’est à dire être payer TOUS à l’heure, avec des bonus week end et pluie. Ce qui a été changé mi juillet 2016.
On ne souhaite pas être payé à rien foutre : https://youtu.be/oxAObGIEsbw
Ceux qui parlent comme ça sont ceux qui n’ont jamais fait 80 km par jour 6 jours sur 7. D’ailleurs ce mec a filmé ces journées Stuart à rien foutre et il a inventé un service payant pour obtenir des shifts sous staffomatif pour Stuart.
C’est dire son éthique.
Quand il fait 5° que vous attendez sur un banc une commande pendant plus de 30 minutes (faites le), faut le vivre pour comprendre.
Quand vous avez dans le coin de votre tête vos 7,5 €.
Vous avez l’envie de continuer à attendre, et pourtant même avec ça on a envie de rentrer parfois.
Mais là 5.75 € par commande sans minimum garantie.
Jamais de la vie je resterai à attendre sans être rémunéré, oui les taxis le font (au chaud). Mais si un tier décidait de doubler le nombre de taxis. A votre avis accepteraient ils cela ?
On aurait dû manifester l’année dernière quand nous étions la majorité de la flotte.
Delivoyous sait très bien ce qu’il fait, sinon il ne le ferait pas le week end du 31 juillet, tout en nous ayant invité à prendre des vacances début juillet.
Ils ont pris plein de nouveaux livreurs au nouveau contrat en 2017 en sachant qu’ils feraient leur coup l’été venu.
D’ailleurs on voit bien leur vrai visage avec le message « la faim justifie les moyens » lors de la première manif le 23 Aout et là ce week end ils ont offert au clients les frais de livraison ce week end de manif.
Pour moi ce sont des racailles, on voit tout le temps à la télé des émissions qui suivent la police sur des fait de violence/cambriolages/stup (je conseille à tous le doc en 3 parties : Les gangsters et la république), mais jamais de vraies investigations/dénonciations de ces racailles en costard.
Les fondateurs de Take Eat Easy préparent leur retour avec un nouveau projet…
Pour moi ils se sont tirés une balle dans le pied. Avant c’était un métier fait à vélo (de vrais vélos), maintenant plus de la moitié de la flotte est en scooter (l’argument écolo est passé ou ?).
C’était bien payé pour peu qu’on fasse ces 50/60 heures par semaines.
Je n’ai pas connu les débuts donc 40h/semaine étaient suffisant à l’époque.
Ce que je veux dire c’est aujourd’hui s’afficher Delivoyous c’est s’afficher exploité. C’est aussi pour le client une gêne, pour ceux qui ont une conscience, certains s’en foutent c’est vrai. J’ai eu plusieurs fois des 6 ème étage sans ascenseur sans aucun pourboires, même pas 50 centimes.
Commander un repas et se faire livrer par un sans papiers exploité qui vient en scooter motorisé, c’est autre chose qu’un livreur qui gagne dignement sa vie, tout en ayant aussi l’envie de changer les choses par une livraison à vélo.
La cop21 c’est fini le manège de 2015, on a démonté l’éolienne av des Champs Élysées, on passe tous en scooter ?
Bref moi j’étais à l’ancien contrat et je refuse de passer au nouveau contrat. Si tous dans ma situation faisaient la même chose, ça serait un début.
La question c’est comment peut on accepter le nouveau contrat car si personne n’acceptait ce contrat Delivoyous serait obliger de s’aligner sur Foodora.
La réponse : des personnes jeunes qui ne savent même pas compter ce qu’ils vont gagner, ce qu’ils auraient gagner à l’ancien contrat, ce qu’il faut payer en charge et des sans papiers qui sont obligés d’accepter ces conditions.
Je finirai par ceci, le changement commence par soi même, c’est par nos choix que le marché se calquent. C’est par chacunes de nos décisions individuelles que l’on commence à changer les choses.
PS : ce fût long mais c’était un bilan.
Je vous conseille à tous la série The Wire, une véritable synthèse critique de notre société.
Merci de ton témoignage Azad, ça complète parfaitement mon article! Evidemment qu’on ne veut pas être payé à rien faire, comme le laisse sous entendre certains commentaires dans les articles de presse. Il y a eu effectivement des abus, de la part de gens qui se contentaient des taux horaires, mais moi je suis content quand je commence à atteindre les 15/16€ de l’heure, donc j’ai toujours charbonné pour faire le plus de courses possible.
Sauf je l’avoue depuis que j’ai reçu mon nouveau contrat. Je crois que j’ai fait plus de no show et de refus de commandes en 3 semaine qu’en 1 an et demi 😀 Mais comment se motiver à bosser quand on t’annonce avec le sourire que tu vas perdre 30% de tes revenus, et que c’est pour ton bien.
Le métier s’est en effet ‘clochardisé’ comme je l’écrit souvent: on est passé d’une bande de passionnés à des gars qui semblent débarquer de nulle part sans avoir jamais fait de vélo de leur vie. Sans compter effectivement les scooters…
Beaucoup d’anciens contrats se laissent embobiner par Deliveroo, en se disant que ça sera toujours mieux qu’ailleurs… Et même si parfois c’est le cas, je comprend pas comment on peut rester dans un boite qui nous a trahi et pris pour des demeurés, sachant qu’ils continueront évidemment à tirer les tarifications vers le bas, pourquoi se priver?
Hey patrick
En effet, tu as très bien résumé. Les gens qui ont pitié de nous (les passionnes) ne comprennent pas que nous ne subissons pas ce travail (sauf gros jours de tempete ou averses diluviennes…) mais que nous aimons réellement ça. Malheureusement, les embarquements de sagouin et la violence sociale que certains acteurs du marche de l uberisation nous font subir, sont autant d humiliation que nous nous interrogeons sur la volonté de continuer ou non ce métier. Il est vrai qu il est agréable de découvrir des endroits inattendus, de discuter avec d autres coursiers avant ou pendant les moments d accalmie, de discuter avec un restaurateur ou client, d’ avoir les rues pour nous le soir qui nous fait se sentir libre et de se dire qu en période de pointe nous sommes tout de même plus rapide que les voitures et ce sans impact écologique nuisible. C est vraiment cool et je ne veux changer ce mode de vie pour tout l or du monde. Après la course à la croissance à marche forcée pour ces acteurs (deliveroo, foodora, uber) fait qu on se trouve devant une précarité certaine, qui nous fait présager le pire quant a notre condition sociale. Uber et stuart semble être les plus pérennes avec une tarification plus valorisante sur les courses longues. Ne reste qu à developper fortement les volumes pour stuart (trop aleatoire sur lyon, on peut passer du simple ou double d une soiree a l autre) et a conserver une methode de paiement a la course stable chez uber. Foodora, de son cote calibre mieux ces shifts et permet d avoir un volume horaire de course vraiment sympa (j etais a 2,90 de l heure et il m est arrivé de faire des soirees entre 16 et 20 courses pour quatre heures de shift assez regulierement pendant les partiels de printemps et les vacances de noel) mais c est devenu la guerre depuis qu ils ont bascule a deux plannings semaine. Je n ai plus le temps de m organiser pour y aller.
Bonne continuation patrick et je te donne rdv au clm samedi pour te mettre la pâté (grosses averses en prevision ).
https://youtu.be/roDSAh1ibRk
Je n’avais pas vu cette vidéo…
« Flexible, flexibilité » mdr. Il ment, il ment. Il ment point.
+ 1 au journaliste qui gobe les réponses sans s’interroger.
Les « sondages » mdr. Technique d’Uber qui l’a utilisé sur les VTC.
Quand tu es inscrit sur 60h/semaine et que tu oses ne pas venir (un empêchement ça arrive).
Tu risques de perdre tout les créneaux horaires que tu avais. Je n’appelle pas ça de la « flexibilité ».
Je rappelle que le planning est publié le mardi ou mercredi à 11h pour les plus assidus, avec une dégression et donc des miettes pour ceux qui ont accès au planning à 17h.
Je ne bosse plus pour Deliveroo mais j’ai reçu le mail informatif l’autre jour qui inaugure la possibilité de s’inscrire sur n’importe quel secteur que l’on veut à Paris.
On est plus très loin de la suppression du planning.
Mais c’est pour offrir plus de précarité… euh je veux dire flexibilité.
En 2018 ils vont flexibilisé les restaurants, ça va être bien, tous « flexibilisé » à la sauce Delivoyous.
Merci pour le lien, je viens de voir la vidéo, pour une fois je vais être direct: on a envie de lui foutre de grosses tartes dans la gueule quand il débite son ramassis de conneries haha!
J’ai un resto en province. On a gardé Deliveroo car c’est les seuls qui ont bien voulu baisser la commission (nous aussi on raque ! env. 30%). On est attentif à vos conditions, mais pour plusieurs raisons (dont la commission), on n’a pas changé. Je suis étonnée de la différence entre Deliveroo, Foodora et UberEats, mais j’espère que vous comprendrez notre choix. En tout cas, super site pour avoir des infos sur les sociétés de livraison !
Très intéressant comme d’habitude Patrick !
J’adhère complètement à cette vision du travail et c’est d’autant plus douloureux de voir la situation se dégrader sans cesse, personnellement la faible mobilisation de fin août m’a bien démotivé, beaucoup râlent mais finalement restent chez Deliveroo ou ne participent pas aux actions, ne serait-ce que pour venir faire le nombre…
Merci Adrien! Pareil que toi, le fait de voir qu’on était toujours les mêmes 10/15 gars aux rassemblements m’a pas mal démotivé. Idem de voir que certains ont décidés de rester malgrè tout chez deliveroo…
Y a pas besoin de manifester.
Il suffit de ramener le sac pour les anciens et d’aller voir ailleurs. Pareil pour les nouveaux.
Y a un truc que je ne comprends pas, c’est pourquoi s’être mobilisé en Août et une fois la rentrée, le Lundi 04 septembre, plus rien.
Genre on manifeste quand c’est les vacances (parce que c’est calme), et on retourne bosser en septembre.
En tout cas : http://www.boursier.com/actualites/reuters/deliveroo-leve-385-millions-de-dollars-portant-sa-valorisation-a-plus-de-2-milliards-209491.html?fil5
J’ai vu une illustration de l’économie actuelle qui est bien juste je trouve.
Ça disait :
Bitcoin : La plus grosse banque au monde sans véritable cash.
Uber : La plus grosse compagnie de taxi sans posséder de véhicules.
Facebook : Celui qui contient le plus de médias au monde sans en créer aucun.
Alibaba : Le marchand le plus valorisé au monde, sans aucun stock.
Airbnb : Le plus grand hôtel au monde sans posséder aucunes chambres.
Comme le dit Adrien, la mobilisation a été faible et a fini par demotiver tout le monde… Du coup j’ai tourné la page Deliveroo, et je prend les sous qu’il y a à prendre ailleurs tout en sachant que ce n’est sans doute qu’un sursis.
Deliveroo a justement été malin de faire ça en plein été.
Pourtant, avec 100 anciens contrats concernés à Lyon, il aurait suffit de s’organiser à 40 gars pour mettre le service à terre pendant au moins une soirée, et sans doute sur une semaine entière du temps de staffomatic (il aurait suffit de se booker le plus d’heures possibles et de bloquer ainsi les créneaux).
Mais quand on est seulement 10 à se bouger, on ne peut que constater notre impuissance.
Beaucoup ont des visions différentes, perso j’ai manifesté en août car je pouvais pas me laisser faire sans rien dire, j’aurais juste souhaité garder mon ancien contrat et récupérer ce qui a été perdu au fil des mois.
J’ai pas signé le nouveau contrat et sauf retournement de situation miraculeux je ne le ferai pas.
Le meilleure reportage et le meilleure article sur notre travail.
ARTE Regards : Coursiers stressés pour gourmets pressés
https://www.arte.tv/fr/videos/071436-008-A/arte-regards/
La vie d’un livreur vaut moins que la voiture d’un patron :
https://blogs.mediapart.fr/coopcycle/blog/031017/la-vie-dun-livreur-vaut-moins-que-la-voiture-dun-patron?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=Sharing&xtor=CS3-67
Très bon en effet, je les avait partagés sur twitter mais je sais jamais comment aborder ça dans le blog (y a tellement de reportages dont je voudrais parler…et j’ai peur aussi de simplement paraphraser en les présentant). Peut être une review hebdo, à voir!
Patrick
https://www.bastamag.net/Apres-les-coursiers-a-velo-Deliveroo-uberise-cuisiniers-et-restaurants
Bonjour Patrick,
Ton article est super mais il y a juste une chose que je comprends pas, comment ce fait-il que la rémunération à l’heure peut elle varier ?
Salut,
toutes les boites offrent une tarification tout (ou en partie ) à la course, donc forcément la rémunération horaire est très variable selon les villes, les quartiers, la connaissance de la ville, etc…
Patrick
Bonjour Patrick,
J’aimerais ajouter une nouvelle offre de coursier vélo à destination des auto-entrepreneurs parisiens. Il s’agit de l’offre de Frichti, elle n’apparait pas sur votre site. N’hésitez pas à me contacter pour que je vous donne le détail, j’espère qu’elle saura répondre aux attentes de la communauté des livreurs !!
Merci 🙂