Deliveroo, Foodora, UberEats, qui mène la course en tête?
|Etat des lieux
Quand on est livreur à vélo, à pédaler en ville toute la journée, on arrive à force à se faire une bonne idée des forces en présence. Au sein de sa zone, on reconnait rapidement les têtes, et les boites auxquelles elles sont associés.
Quand j’étais Paris (jusqu’en juillet), j’estimais la flotte de Deliveroo et celle de Foodora équivalente, devant Take Eat Easy. Loin, très loin derrière, on croisait les ‘anonymes’ de UberEats‘ (anonyme car leur sac ne comporte aucun logo, pour ne pas ‘provoquer’ les chauffeurs de taxi en froid avec Uber), puis les petites boites comme PopChef/Foodcheri et compagnie, et enfin de temps en temps des coursiers classiques comme ceux de Urban Cycle, coursiers.fr ou autre velopostale.
Ce à quoi on me répondra que la température du terrain et de son environnement immédiat ne reflète pas forcément la réalité. Mouais, difficile à croire quand on est coincé avec 10 coursiers Deliveroo/Foodora dans un resto, avec un seul UberEats. Difficile à croire quand un restaurateur me confiait en Mai dernier (alors que UberEats venait de baisser radicalement sa tarification) avoir des commandes non livrables car il n’y avait pas de livreur pour venir les récupérer.
Lorsque Take Eat Easy a fermée fin juillet, une étude intéressante sur les parts de marché de la foodtech est passée, à laquelle je n’ai pas trop prêté attention, alors que ses résultats me paraissaient surprenants.
Cette étude, issue des données de la startup Onecub, indiquait que Take Eat Easy faisait la course en tête parmi les boites de la foodtech au mois de Mars.
Surprenant, quand on sait qu’il n’y avait qu’une centaine de livreurs TEE à bosser à un instant ‘t’ à Paris (ok, il faut que je remette la main sur ma source, sans doute dans le groupe FB des coursiers TEE), alors que rien qu’à Paris centre Deliveroo (PCN) on était 100 à 150, et sans doute plus de 500 sur tout Paris (source: l’appli staffomatic qui permet de réserver nos créneaux).
L’étude indiquait aussi que Foodora était loin derrière, carrément derrière TokTokTok. Ça me parait complètement invraisemblable, je n’ai certes que mon ressentit sur ce point mais j’ai du croiser 3 ou 4 TTT en 7 mois à Paris…
Comment fonctionne OneCub?
OneCub est une appli qui vient se greffer sur votre boite email, et qui analyse son contenu pour en ressortir diverses statistiques concernant les sites web marchands.
En scannant votre courrier, elle détecte ainsi si vous recevez des emails d’amazon, leboncoin ou, ce qui nous intéresse plus particulièrement ici, Deliveroo et autres startups de la foodtech.
Sur le principe c’est génial (il faut accepter de se faire espionner son compte email, certes), car cela permet d’estimer les parts de marchés de différentes boites, les tendances à venir voire futures.
Mais pour moi il y a plusieurs hic: la taille de l’échantillon, l’hétérogénéité de celui ci, ainsi que la finesse de l’analyse.
Il faut arriver à distinguer les emails des newsletters des emails de confirmation d’achat. Pas compliqué sur le papier, mais plus délicat en réalité car le format des emails varie évidemment selon les sociétés, mais également avec le temps.
J’ai trouvé une source concernant la taille de l’échantillon: 1600 comptes emails de particuliers étaient ‘linkés’ à l’appli en juillet dernier: http://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/qu-est-ce-que-branded-me-ce-reseau-social-qui-debarque-en-france-999754.html
Concernant l’hétérogénéité, pour moi la diversité de l’échantillon est biaisé car Onecub est une appli pour ‘early adopters’, en gros pour les férus de nouveautés web. C’est certes un peu le cas aussi des utilisateurs de la Foodtech, mais la base s’élargit avec le temps, jusqu’à atteindre aujourd’hui une audience ‘mainstream’.
C’est un peu comme si l’on faisait un sondage sur la présidentielle dans le local d’un parti politique.
D’autant plus qu’il faut accepter de se faire scanner sa boite email. Je ne sais pas pour vous, mais moi dans ce genre de cas je me créé un compte email spécifique, consacré à ça, et qui ne sera pas significatif de l’ensemble de mes activités sur internet.
Dernier classement foodtech de OneCub
Si j’écris cet article, c’est parce qu’un nouvel article est paru, sur la domination annoncée de UberEats: https://www.maddyness.com/business/2016/10/22/delivery-uber-eats-est-il-en-passe-de-prendre-les-commandes-du-marche-francais-de-la-foodtech/ , et qu’il a généré un petit débat sur le groupe des coursiers.
Comment une boite qu’on ne voit jamais sur le terrain, et qui n’est présente pour le moment qu’à Paris en France, pourrait passer devant l’armada des Deliveroo/Foodora, que l’on croise en masse dans les rues des grandes villes de France??
Certains avancent que leurs ‘camouflages’ et l’absence de logo distinctif leurs permet de passer inaperçus, mais comme dit plus haut, on les repère quand même avec l’habitude. Un autre avance une possible manipulation de l’étude via des faux comptes. Et c’est tout à fait possible vu la taille de l’échantillon.
Ainsi Uber est annoncé à 4.2% d’utilisation par le panel. Ce qui représente 67 utilisateurs. Foodora est annoncé à 1% (!), ce qui représente 16 utilisateurs. En croissance de 23%, car il n’y avait que 14 utilisateurs il y a un mois. Assez pour en tirer des conclusions, vraiment?
Il suffit que Uber lance une campagne de coupons de réductions pour décider quelques utilisateurs et ainsi faire grimper en flèche le taux d’utilisateurs.
Vous voulez rire encore? Il suffit d’aller sur le site de Onecub et d’aller chercher le dernier classement Foodtech, pas celui qui a été filtré pour l’étude, mais celui plus complet (mis à jour chaque semaine):
Où l’on apprend que Take Eat Easy représente encore 2,77% des utilisateurs du panel (pas loin derrière Deliveroo) et est en croissance (en traction pour reprendre la terminologie à la con) de 13%, et que TokTokTok gagne également 3,85%… Pas mal pour des boites ayant fermées depuis plusieurs mois/semaines!
Impossible par contre de mettre la main sur les stats de Uber Eats, bizarre.
Mon propre classement
Comme je le disais plus haut, mon ressentit est que Deliveroo fait la course en tête, avec Foodora pas trés loin derrière et enfin UberEats bien à la traîne.
Je propose d’utiliser les données de recherche google. Elles ne représentent évidemment pas le volume de commandes, mais seulement la notoriété des marques. On peut raisonnablement supposer que ce volume est proportionnel à la notoriété. Ce n’est pas scientifique, je n’ai pas la prétention de proposer un véritable classement, mais juste un point de vue différent d’un panel biaisé.
Voici ce qu’il en ressort (https://www.google.com/trends/explore?geo=FR&q=deliveroo,foodora,ubereats):
L’écart entre Foodora et Deliveroo est plus important que je le pensais, mais comme prévu UberEats est à la traîne même si par moment il talonne Foodora. On peut voir des pics de volume synchronisés pour Deliveroo et Foodora: cela correspond à la dernière semaine de juillet, et à la mort de Take Eat Easy.
Depuis, Deliveroo grimpe en flêche alors que Foodora stagne un peu. Uber Eats décline légèrement depuis septembre.
Autre truc marrant: quand j’ai débarqué à Lyon j’ai eu l’impression de voir plus de Foodora que de Deliveroo (cela a depuis changé), et cela est encore confirmé par google:
La région Rhone-Alpes est la seule qui place Foodora devant Deliveroo.
Enfin, puisque j’ai été chercher des poux dans les stats de Onecub avec Take Eat Easy et TokTokTok, je vais faire de même pour les miennes pour être plus partial.
Voici les graphes avec TEE et TTT (https://www.google.com/trends/explore?geo=FR&q=deliveroo,foodora,ubereats,toktoktok,take%20eat%20easy):
Où l’on constate plusieurs choses:
- TokTokTok a toujours été négligeable devant les mastodontes du secteur, merci captain Obvious!
- TEE présente deux pics: un en janvier que je n’explique pas. Cela correpond à l’explosion des recrutements, mais c’était également le cas chez les deux autres, sans qu’ils présentent le même pic. Le deuxième correspond à sa mort 🙁
- Le graphe de TEE s’effondre ensuite. Pour être honnête, je pensais qu’il allait un peu perdurer, venant foutre la merde dans mon classement, mais non, dorénavant Deliveroo et Foodora sont très loin devant TEE, même UberEats est devant, c’est pour dire. Aussitôt fermée, aussitôt oubliée, aucune pitié pour celle qui fit les beaux jours de la foodtech à Paris.
- Confirmation de ce que je disais plus haut: deliveroo a toujours été devant TEE.
UberEats, un jour en tête?
L’image que j’ai de UberEats, et je ne suis pas le seul, c’est celle de pauvres gars en jogging au mieux sur des VTT TopBike ( la ‘marque’ vélo de Carrefour pour ceux qui ne suivent pas :p), au pire sur des Vélibs.
Je ne vois pas dans l’immédiat comment cette boite pourrai battre la coolitude des deux acteurs majeurs de la Foodtech.
Pourtant, avec les milliards de sa maison mère (Uber engloutit des levées de fonds pour monopoliser le secteur des VTC, elle a générée les pertes les plus élevées de l’histoire, à coup de milliards par an : http://www.slate.fr/story/122667/comment-uber-perdre-1-milliard), Uber pourrait ne faire qu’une bouchée de pain de Foodora voire Deliveroo.
Au lieu de cela, elle propose des tarifications ambiguës, des baisses violentes du jour au lendemain, ponctionne 25% des revenus générés (tout comme Stuart)…
Alors oui, de temps en temps elle envoie des SMS, ‘Ce soir vous avez 50€ de garanti en deux heures’. L’accueil au siège social est carrément high tech: on est enregistré via sa carte d’identité, puis redirigé dans une salle comportant nombre d’écrans affichant notre nom parmi une liste afin de savoir quand notre tour arrive. Ce n’est pas long, car avec 10 à 15 guichets en une ou deux minutes on est accueillit par un interlocuteur. Un peu comme dans une administration, mais en 10 fois mieux organisé! On sent qu’il y a des gros sous derrière tout ça.
Mais sur le long terme il n’y rien de clair. Surtout, vu leur comportement avec leurs chauffeurs VTC, je n’ai personnellement pas du tout envie de voir cette société prendre les devants de Deliveroo et compagnie.
Bonsoir,
Vous parlez de votre expérience de coursier à Paris et Lyon. Les différentes entreprises semblent peu implantées hors des grandes villes. Quelles sont les opportunités dans les villes de taille plus restreinte ( par ex dans l’Ouest Le Mans, Angers ou Rennes) ?
Merci
Salut, j’ai 16 ans et je me suis dis que être coursier a vélo pourrait être intéressant pour me faire un peu d’argent de poche… Déjà est-ce que c’est possible ? Ensuite, avec les cours, et le fait que j’habite en banlieue est-il possible d’avoir des horaires flexible genre 1 seule journée ou qu’un seul soir dans la semaine ? Chez qui aller ? Et est-ce une bonne idée ?
Et … non, enfin je ne connais pas de boîtes qui recrutent des mineurs, pour la simple et bonne raison qu’il faut être majeur pour être micro-entrepreneur !
A dans 2 ans ! 🙂
Je bosse avec Foodora et Deliveroo. Je peux te dire que les effectifs sont de l’ordre de de 8 fois moins aux horaires les plus pleines (entre 20 et 22h). On est généralement 150 sur une zone chez Deliveroo contre 18 chez Foodora à Paris.
Merci pour l’info! Pour les chiffres de chez foodora, ca vient de leur staffomatic?
bonsoir,uber ne peut pas concurrencer deliveroo.Car il gave leur chauffeur crèneaux et laisse mourir le course a course.De plus les coursiers livre avec des sacs auchan isothermes.Et ne représente pas l image du bonne entreprise.Du coup les clients soit sont livrer au bout d une car le temps d aller chercher un chauffeur qui paye dans les créneaux pendant que le chauffeur qui est en depannage quand tous le monde a refuser.ou poster a republique pour etre payer sans livrer. uber 3 h 30 de service 4 courses 27.50€ moins les charges vaut mieux rester coucher.pendant certain font 25€ de l heure net.ou attende la prime de pluie a 19h45 pour toucher25€plus 25€ de l heure avec 15€ garantie.c est bien plus les mal polie enfin c est ca uber heat.france j espere que ce n est pas mondiale.deliveroo foodora ect tenez le coup vous etes plus pro.
Bonjour je voulais savoir lorsque je commande via ubereats comment sa se passe après le livreur va au restaurant et paye la commande de sa poche pour ensuite livrer au client ou coment sa se passe?
Je connais pas bien ubereats, mais si c’est comme pour deliveroo c’est le client qui doit payer sa commande en ligne. Le livreur n’a ensuite qu’à aller au restaurant récupérer le sac contenant les plats pour aller les livrer au client. Il n’y aucune transaction financière à faire pour le livreur.
Salut, je suis de Montréal et nous n’avons pas vraiment de »coursiers vélo ». Bon faut dire que pendant 5 mois il gèle Du coup, je suis curieux de comprendre comment ces plateformes vous payent en tant que coursiers-travailleurs indépendants. Virement bancaire, chèques?
J’ai compris que c’était aux 15 jours (système anglo-saxon comme ici). Mais est-ce depuis leur plateforme ou ils ont un RH qui gère cela comme des salaires?
J’espère que ma question est claire, je suis vraiment curieux de comprendre ce genre de modèle (on a un peu 10 ans de retard ici ce genre de trucs)
Merci
Mathieu
Hello, je pensais le contraire en fait, j’imaginais Montréal remplis de coursiers à vélo comme aux USA!
Les plateformes nous payent en effet tous les 15 jours (certaines le font chaque semaine) via un virement bancaire. Ont est bien trop nombreux pour avoir un RH: tout est automatisé.
N’hésite pas si tu as d’autres questions.
Heu, bien sûr qu’il y a des messagers à vélo à Montréal!
Dans dowtown Montréal tu as même devant certains immeubles de bureau des emplacements pour attacher ton vélo qui sont réservés aux coursiers. (j’en ai déjà vu sur McGill college et blvd René Lévesque par exemple).
Site web de l’association des messagers et messagères à vélo de Montréal: http://www.montrealbma.com/
Quelle(s) organisation(s) en place pour faire bouger le métier et être reconnu comme salarié (désolé c pas un gros mot !), en cotisant à la retraite, pour les AT et les congés…